Histoire

Un voyage à travers le temps:

Chapelle-lez-Herlaimont coupe une portion de territoire couvert dans l'antiquité par la forêt charbonnière. Celle-ci était une grande zone boisée s'allongeant du Nord au Sud et rattachant à travers l'Est du Hainaut, la Fôret de Soignes à la Fagne chimacienne. Actuellement, on en retrouve des restes dans le bois de Mariemont.

Après la conquête de la Gaule par Jules César, huit grandes voies de communications, appelées chaussées romaines furent créées. Elles avaient comme point de départ Bavai. L'une d'elles se dirigeait vers Cologne par les localités actuelles de Waudrez, Morlanwelz, Gembloux, Tongres et Maestricht, traversant la forêt charbonnière de l'Ouest à l'Est et par la même occasion Chapelle qui en garde les traces.

Pendant la période franque, le long de cette chaussée romaine, de nombreux colons ouvrirent des clairières pour s'adonner à l'agriculture et s'implantèrent. Ils installaient ce qu'en termes d'archéologie on appelle des "Villas" (villas romaines, villas franques), c'est-à-dire des établissements agricoles, des fermes auxquels venaient s'adjoindre des relais de poste et des auberges. Tel fut le noyau des premiers villages qui se formèrent à l'époque. Mais à cette époque lointaine, il n'est pas encore question de Chapelle-lez-Herlaimont. En effet, les premières traces du village se dévoilent à l'époque féodale lorsque le régime de la possession du sol par les grandes abbayes mérovingiènnes (par ex. Lobbes) a fait place à une multitude de petites seigneuries occupées par des Laîcs voués au métier des armes et formant la classe des chevaliers.

Les premiers documents relatifs à Chapelle sont du XIIe siècle. A cette époque le Village existait. Il faisait partie de la seigneurie de Trazegnies. On peut supposer qu'il avait dû se former vers l'an 1000. C'est aussi au XII siècle que le village de Forchies-Bulaine (faisant partie des deux Forchies; l'autre appelé Forchies-la-Marche)
s'est appelé Piéton du nom du cours d'eau qui y a sa source.

En 1136, le Seigneur de Trazegnies fit abandon à l'Abbaye de Floreffe de la terre située entre la Chaussée romaine et la rivière le Piéton au lieu-dit "Herlaimont". Un prieuré, sous la direction des Prémontrés y fut érigé et l'Evêque de Liège assista à l'inauguration de l'Eglise en 1184. A cette époque le village se composait d'un certain nombre de ménages plus ou moins groupés autour d'une chapelle servant au culte d'où son nom La Chapelle, en patois "L'Tchapelle" Chapelle près d'Herlaimont ou Chapelle-lez-Herlaimont.

Le village occupait une situation spéciale parmi les grandes circonscriptions qui se partageaient alors le pays. 

Dans l'ordre ecclésiastique, il faisait partie du diocése de Cambrai avec Seneffe, Morlanwelz, Carnières, les deux Forchies, Anderlues tandis que Trazegnies, siège principal de la Seigneurie, faisait partie du diocèse de Liège ainsi que Gouy, Pont-à-Celles, Obaix, Courcelles et Jumet.

Dans l'ordre politique, il était limitrophe du comté du Hainaut auquel Morlanwelz, Carnières, les deux Forchies appartenaient, mais ses propres attaches étaient indécises de même que la seigneurie de Trazegnies, c'était un territoire contesté entre le duché de Brabant qui englobait Seneffe, Pont-à-Celles, Gouy et le comté de Namur. Chapelle est restée terre franche libre.

Le Prieuré d'Herlaimont, qui a été desservi jusqu'en 1830 par les religieux, fut donné par l'Evêque de Cambrai à l'Abbaye de Floreffe en 1140.

En 1222, Chapelle reçoit de son seigneur, Othon de Trazegnies, une charte d'affranchissement qui en fait une commune distincte. Cette charte confère à Chapelle des privilèges presque inconnus depuis lors. En effet, il y est stipulé que les exactions et les corvées arbitraires, qui étaient auparavant au pouvoir du Seigneur, seraient remplacées par des redevances fixes. De plus, le titre concède à l'Abbé de Floreffe, chef du Prieuré d'Herlaimont, le droit seigneurial de nommer le maïeur (chef de la justice), les échevins (chargés de juger et de prononcer les sentences) et le forestier (exerçant la police judiciaire) parmi les bourgeois de Chapelle.

Au fil des siècles le village prit une certaine extension, mais à la révolution française, il ne comptait encore qu'un millier d'habitants. Il n'y avait que des ruelles allant du Prieuré d'Herlaimont au Village de Chapelle. La ruelle d'Herlaimont existe toujours. Les rues de Verviers et de Sainte-Catherine n'en sont que le prolongement. Si nous ajoutons la "Cour du Clerc", la "Ruelle du croté", nous aurons une idée approximative de l'état des lieux à cette époque.

Pendant longtemps la commune est rurale mais elle ne pouvait cependant pas manquer de suivre le développement de l'industrie charbonnière, la principale richesse de son sous-sol étant la houille. En 1766, sous le règne de Marie-Thérèse et de Charles de Lorraine, des concessions sont accordées à certains capitalistes et l'extraction de la houille prend son essor. De toute nécessité, des voies de communication sont mises rapidemment en place.

Peu après, une société charbonnière se constitue sous la dénomination "Mariemont-Bascoup-Chaud-Buisson" et Chapelle toute agricole devient foncièrement industrielle. Des voies ferrées, des routes commerciales s'organisent, ce qui permet au charbon chapellois d'être expédié dans toutes les directions.

A partir de ce moment, on assiste au développement de l'industrie charbonnière à Chapelle, ce qui se traduit par un accroissement considérable de sa population. 

Fin 1800, plusieurs sites de charbonnage se développent mais les investissements énormes, l'épuisement des couches, le coût exorbitant des exploitations et l'importante main-d'oeuvre ont précipité la fin des charbonnages quelques 60 ans plus tard.

Le charbonnage de Mariemont-Bascoup survit en effet jusqu'en 1961, au-delà du délai escompté au début du siècle, et cela grâce à la mécanisation à outrance.

Durant la seconde Guerre Mondiale, Chapelle connaît un triste épisode de son histoire. En effet, François Lamarche, alors bourgmestre de Chapelle depuis 1921, est démis de ses fonctions par les allemands, lesquels imposent un Bourgmestre rexiste, Alexandre Want, en 1943. Cela malgré une opposition farouche du Collège et du Secrétaire communal, Monsieur Gustave Dewilde.

Plusieurs groupes de résistance agissent à Chapelle pendant la guerre et plusieurs familles juives sont d'ailleurs hébergées par des Chapellois. 
Le 02 septembre 1944, les Américains sont à Chapelle et François Lamarche reprend le même jour son écharpe maïorale qu'il gardera jusqu'en 1949.

En ce qui concerne le monde politique, c'est en 1921 que le Parti Ouvrier Belge (POB) remporte ses premières élections. Le maïorat est confié à un socialiste, Monsieur François Lamarche, cité plus haut.

Après la seconde guerre mondiale, le parti socialiste va largement dominer la vie politique chapelloise jusqu'à aujourd'hui.

En passant successivement d'un village agricole à un centre industriel avec ses charbonnages pour enfin être aujourd'hui un carrefour important avec des commerces qui se développent (Zoning Commercial), Chapelle-lez-Herlaimont vit bien dans l'air du temps.

Sources
DARQUENNE (R.), El Tchapèl è ses Tchats, Petite histoire illustrée de Chapelle-lez-Herlaimont, Chapelle-lez-Herlaimont, 1997
DARQUENNE (R.), Images de Chapelle-lez-Herlaimont, Haine-Saint-Pierre, 1994